Plateau Beaubourg

S'il rit, c'est le masque qui rit : masque blanc aux lèvres qui remuent de façon irréelle, bouche de feu posée sur un fard blême. Les yeux sombres, je remarque embarrassé, vont droit au cœur des spectateurs.

Me voit-il ? Remarque-t-il quiconque dans notre cercle ? Il parcourt du regard l'espace qui nous sépare, sans jamais baisser les yeux. En contrepoint de ses pieds, ses mains dessinent des formes, font éclore de l'air les sentiments du spectateur.

Faire des grimaces ravit les enfants, et pourtant le mime en a fait notre modèle.

Son geste me rappelle celui des chamans africains. Quand il fait comme maintenant ruisseler ses doigts devant nos yeux, je me demande s'il peut aussi faire venir la pluie. Je comprends peu à peu que c'est ce que j'attends, en contemplant avec émerveillement le masque du mime.

(Publication de la version allemande dans : Lose, Vienne 2007.
Traduction par Brigitte Pellat.)